L’arrivée de la Vierge dans le ciel avec les beaux jours et surtout après une période plus ou moins compliquée météorologiquement en ce qui concerne la pratique de l’astronomie, est une bonne occasion pour dépoussiérer et ressortir le matériel après les pluies et les nuages des mois de mars et d’avril.
La Vierge est visible au printemps en direction du sud, à la croisée de l’écliptique et de l’équateur.
Son étoile la plus brillante, α Virgo (Spica : l’épi, AD 13h25,2′, Dec -11°10′) peut paraître seule et isolée dans un ciel urbain, à l’instar d’α Bootes dans le Bouvier. Sa taille est estimée à deux fois celle de notre soleil, mais est 2000 fois plus brillante que celui-ci.
La seconde étoile la plus brillante, γ Virgo (Porrima, AD 12h41, Dec -01°27′), au centre, est en réalité une étoile double remarquable, dont les deux composantes sont actuellement séparées de près de 3″ d’arc.
L’amas de la Vierge
L’air de rien, cette constellation contient quelques objets très célèbres du catalogue de Charles Messier, et particulièrement un ensemble de galaxies appartenant à l’amas de la Vierge, situé à environ 65 millions d’années lumières de notre galaxie. Situé à cheval sur les constellations de la Vierge et de la Chevelure de Bérénice, il laisse apparaître pas loin de 2000 à 3000 galaxies accessibles aux instruments amateurs sous un bon ciel.
Qu’y voir ?
Beaucoup de choses ! Voici un tableau récapitulatif des objets du catalogue Messier contenus dans le périmètre de cette constellation :
Nombre d’objets du catalogue NGC y figurent également, mais beaucoup d’entre eux sont difficilement accessibles.
Nous allons passer en revue les plus notoires et les plus simples d’accès, principalement ceux référencés au catalogue Messier, donc.
M49
M49, aussi référencée NGC 4472, est le premier membre de l’amas découvert par Charles Messier en 1771. Il s’agit d’une galaxie elliptique géante (de type E2 ou E4 dans la Séquence de Hubble) très brillante (magnitude 8,5),et distante de d’environ 60 années-lumière. Située entre M61 et la zone dense où sont regroupée la plupart des galaxie de l’amas, elle est comme M61 relativement isolée. Son éclat légèrement supérieur à M87 la détache assez facilement du fond du ciel.
M87, la super géante
De classe E0p et de magnitude 9,6, elle présente la particularité (d’où le « p » de sa classe) de montrer un jet de matière ionisée à très haute vitesse ( et qui rayonne dans une très large partie du spectre ) dont le trou noir central, M87*, est à l’origine. Ce jet n’est visible qu’en astrophoto, voici un très bel exemple de capture sur le forum astrosurf.
M87 a été placée dernièrement sous le feu des projecteurs car le trou noir en son centre a fait l’objet d’une photographie dont la presse s’est emparée et en a fait ses choux gras.
Le Quasar 3C 273
Autre curiosité intéressante dans cette constellation, et pas des moindres : Le Quasar 3C 273, le plus brillant de notre ciel avec une magnitude éhontée de +12,9 («ce qui est bien, mais pas top», dirait Chabat), et a pour lui d’être le premier quasar détecté par l’Homme (j’ignore pourquoi je précise l’Homme, hein, a priori les autres formes de vie ne se sont pas encore adonnées à l’astronomie). Il est éloigné de près de 3 milliard d’années lumière : à cette distance, il est aisé de confondre cet objet avec une étoile, c’est pourquoi ce type d’objet a été nommé Quasar («quasi-star» ou «quasi stellar radio source» object). De tels objets sont très surprenants : d’une taille comparable à celle d’un système solaire, leur luminosité peut être supérieure à celle d’une galaxie ! (ce qui explique qu’il soit visible bien que très éloigné).
La Chaîne de Markarian
Autre particularité remarquable, en plein cœur de l’amas : La Chaîne de Markarian. Ce chapelet spectaculaire de huit galaxies, composé notamment de M84 et M86 dont elles sont les plus brillants specimens, est accessible assez facilement dans un ciel exempt de pollution lumineuse aux petits instruments. Détail sympathique et pratique : le chapelet entier rentre parfaitement dans le cadre de mon APS-C au foyer de mon 150/750mm, la Nature est bien foutue, quand même.
M61
D’une taille similaire à la Voie Lactée, M61 est une très belle galaxie spirale d’une magnitude 10, ce qui la rend moins facilement accessible : un très bon ciel et un grand diamètre d’instrument seront nécessaires.
M104, la petite merveille cachée dans un coin
Tout en bas de la constellation, sur la limite qui la sépare de celle du Corbeau, se cache l’un des plus beaux joyaux de la voûte céleste : M104 connue aussi sous le nom de « Galaxie du Sombrero« . Elle fut utilisée par Apple comme fond d’écran pour son système d’exploitation ce qui a sans doute accru sa popularité auprès du grand public. L’anneau de poussière qui occulte partiellement le bulbe central est accessible à un télescope de 200mm sous un bon ciel.
Contrairement à ce qu’il fut admis dans un premier temps, il ne s’agit pas d’une galaxie spirale mais elliptique, et celle-ci s’éloigne de nous à plus de 1000km/s. C’est d’ailleurs la mesure de cette vitesse qui a conduit Edwin Hubble à considérer cet objet comme étranger à notre galaxie, ce qui a permis de supposer qu’il puisse en exister d’autres : et en l’occurrence, il sera compris plus tard que cet objet est une galaxie à part entière, située dans un amas proche mais distinct de notre amas, le Groupe Local.
En bref
Vous l’avez compris, bien qu’elle puisse paraître a priori pauvre comparativement à d’autres constellations, la Vierge possède de très beaux atouts, dont certains sont uniques en leur genre, et font partie des «Must See» du ciel de l’hémisphère Nord.
Pour télécharger cette liste d’observation afin de pouvoir l’exploiter dans SkySafari, cliquez sur l’icône ci-contre.