Le Sagittaire est l’une des constellations les plus riches d’objets du ciel profond de l’hémisphère Nord, avec pas moins que 15 objets du catalogue de Charles Messier, qu’il est possible d’observer en direction de l’horizon Sud l’été de Juin à Août. Elle accueille en outre un hôte remarquable et singulier : le centre de la Voie Lactée, notre Galaxie.
Elle figure parmi les 48 constellations identifiées par Ptolémée ; Son nom signifie « l’Archer » même si l’astérisme principal évoque plus la forme d’une théière, objet inexistant à l’époque de Ptolémée ; Peu d’étoiles de forte magnitude peuplent cette constellation, qui demeure difficilement accessible sous un ciel urbain, et la faible élévation n’arrange rien : le centre géométrique de la constellation se situe au niveau des -30° de déclinaison, ce qui implique que pour un observateur situé aux environs de 45° de latitude, l’ensemble ne dépassera pas 20° d’élévation au point le plus haut de l’été. Son étoile la plus brillante est Kaus Australis (ε Sgr), qui affiche une magnitude de 1,85.
Inventaire des objets du catalogue Messier
Vous pourrez ainsi retrouver :
- des amas ouverts : M18, M21, M23, M24, M25, M70
- des amas globulaires : M22, M28, M54, M55, M69, M75
- des nébuleuses : M8, M17, M20
Voici cette même liste sous forme d’un tableau avec quelques informations complémentaires :
Messier | Objet | A.D. | Déc. | Mag. | Dimension |
M8 | Nébuleuse à émission | 18h03’56.1″ | -24°23’03″ | 5,8 | 90,0′ x 40,0′ |
M17 | Nébuleuse à émission | 18h20’55.6″ | -16°10’57″ | 6,0 | 45,0′ x 35,0′ |
M18 | Amas Ouvert | 18h20’01.7″ | -17°07’58″ | 6,9 | 9,0′ |
M20 | Nébuleuse à émission | 18h02’26.0″ | -23°02’03″ | 6,3 | 29,0′ x 27,0′ |
M21 | Amas Ouvert | 18h04’43.9″ | -22°30’02″ | 5,9 | 13,0′ |
M22 | Amas Globulaires | 18h36’32.1″ | -23°53’56″ | 5,1 | 17,0′ |
M23 | Amas Ouvert | 17h56’55.7″ | -19°01’03″ | 5,5 | 25,0′ |
M24 | Amas Ouvert | 18h18’31.7″ | -18°24’58″ | 11,0 | 45,0′ |
M25 | Amas Ouvert | 18h31’43.8″ | -19°14’56″ | 4,0 | 35,0′ |
M28 | Amas Globulaires | 18h24’38.2″ | -24°51’59″ | 6,9 | 15,0′ |
M54 | Amas Globulaires | 18h55’14.6″ | -30°28’54″ | 7,7 | 5,5′ |
M55 | Amas Globulaires | 19h40’08.8″ | -30°57’46″ | 7,0 | 14,8′ |
M69 | Amas Globulaires | 18h31’32.7″ | -32°20’59″ | 7,7 | 3,8′ |
M70 | Amas Globulaires | 18h43’20.6″ | -32°17’56″ | 8,1 | 7,8′ |
M75 | Amas Globulaires | 20h06’14.3″ | -21°54’39″ | 8,6 | 6,8′ |
Bien entendu, le Sagittaire regorge d’une multitude d’objets des catalogues NGC, IC, Barnard, et j’en passe ; C’est sans conteste la zone du ciel la plus riche. J’ai fait le choix de restreindre ma sélection ici aux objets les plus accessibles.
M8, La Nébuleuse de la Lagune
M8 (NGC 6523) est un gigantesque nuage d’hydrogène baigné dans la lumière de la super-géante bleue 9 Sagittarii. Très accessible aux petits instruments, elle est comme M42 un cible de choix pour se lancer dans l’astrophotographie. Très lumineuse et visible aux jumelles dans un ciel bien sombre, sa magnitude 5 la rend même visible à l’œil nu à quiconque sait la localiser, malgré les quelques 5 000 années lumière qui nous séparent. Elle fait partie des incontournables du catalogue Messier.
M17, La Nébuleuse Omega
M17 (NGC 6618) est également appelée la nébuleuse du Cygne, ce qui peut induire en erreur car celle-ci réside bien dans le Sagittaire et non dans le Cygne (c’est par son aspect et non sa localisation sur la voûte que ce nom lui a été attribué) ; Elle porte en outre tout un tas d’autres noms, notamment dans l’hémisphère Sud. Il s’agit d’une nébuleuse gazeuse très lumineuse, qui comme M42 est accessible à l’œil nu. Située quelque part entre 5 000 et 7 000 années lumière, elle renferme une trentaine d’étoiles 20 à 30 plus massives que notre Soleil, et en moyenne 6 fois plus chaudes, qui ne sont cependant pas directement visibles, car totalement éclipsées par les nuages des gaz.
M18
M18 (NGC 6613) est un petit amas ouvert contenant principalement d’une trentaine d’étoiles de magnitude 9 et de type spectral B3, ce qui indique la relative jeunesse de l’amas et le situe aux environs de 32 millions d’années.
M20, La Nébuleuse de la Trifide
M20 (NGC 6514) est l’un des objets les plus célèbres du catalogue de Charles Messier, est en réalité une combinaison de plusieurs objets :
- Un amas ouvert d’étoiles ;
- Une nébuleuse en émission ;
- Une nébuleuse en réflexion ;
- Une nébuleuse obscure.
C’est cette dernière composante, d’ailleurs, qui semble sectionner en trois parties distinctes l’objet, qui lui a donné son nom : Trifid signifiant « tri-lobé(e) ».
M21
M21 (NGC 6531) est un amas ouvert assez particulier au où la soixantaine d’étoiles qui le composent sont très proches les unes des autres (la distance moyenne qui sépare ses étoiles les unes des autres est de l’ordre d’une année lumière). L’âge de l’amas estimé à 5 millions d’années d’après la présence de jeunes étoiles de type spectral B0 (les plus brillantes de l’amas).
M22
M22 (NGC 6656) est un amas globulaire riche d’environ 100 000 étoiles, à la taille apparente remarquable : en effet il est de dimensions comparables à celle de la lune ; Il est en fait l’un des plus proches de la Terre : il ne se situe qu’à 10 000 années lumière, ce qui explique ce diamètre apparent hors-normes. En outre il se situe à moins d’un degré de l’écliptique, ce qui implique que des planètes du système solaire peuvent passer devant à l’occasion.
Chose rare, il est à noter qu’à l’instar de M15, une nébuleuse planétaire s’y cache.
M23
M23 (NGC 6494) est un amas ouvert distant d’environ 2000 années lumière, dont l’âge est estimé à 220 millions d’années et comportant quelques 150 étoiles, dont les plus chaudes sont du type spectral B9.
M24
M24 est un nuage stellaire et non à proprement parler un amas, qui héberge plusieurs objets dont par exemple NGC 6603, un amas ouvert, ainsi que de nombreuse nébuleuses sombres.
À l’oculaire, M24 est difficilement identifiable car ce secteur est très riches d’objets superposés les un sur les autres : il est difficile avec cette densité d’étoile de s’y retrouver.
M25
M25 (IC 4725) est un amas ouvert distant de près de 2 000 années lumière, qui regroupe au moins 86 étoiles dans un champ de 40 minutes d’arc de diamètres apparent. Parmi les étoiles qui le composent, on peut trouver notamment deux géantes de type spectral G, mais aussi une variable céphéide U Sagittarii, dont la magnitude varie de 6,3 à 7 en 6,75 jours.
M28
M28 (NGC 6626) est un amas globulaire d’un diamètre apparent bien plus petit que son voisin M22, et distant de près de 18 000 années lumières. En 1986, un pulsar « milliseconde » (il effectue un tour sur lui même en 11 millisecondes) y a été découvert, faisant de M28 le premier amas dans lequel un tel objet ait été découvert.
M54
M54 (NGC 6715) est un amas globulaire qui s’est avéré ne pas faire partie de notre Galaxie : elle est en effet trois fois plus distante que ses voisines M69 et M70 : les plus récentes estimations la place à environ 87000 années lumières de notre système solaire. Il orbite autour de la galaxie elliptique naine du Sagittaire, voisine de notre Galaxie. En 2009, les traces d’un trou noir de taille moyenne ont été détectée en son centre.
M55
M55 (NGC6809) est un amas globulaire situé à 17 300 années lumière de notre système solaire, dont l’apparence granuleuse est accessible aux jumelles. Son diamètre frise les 110 années lumière, pour un diamètre apparent de 19 minutes d’arc, soit 2/3 du diamètre apparent de la Lune.
M69
M69 (NGC6637) est un amas globulaire distant d’environ 30 000 années lumière, d’un diamètre de près de 85 années lumière. Il est assez proche de son voisin M70 : seulement 1 800 années lumière les séparent. Sa déclinaison basse (-38°25′) le rend difficilement accessible dans les régions les plus au Nord.
M70
M70 (NGC 6681) est un amas globulaire très dense, distant de 29 700 années lumière de la Terre, d’un diamètre apparent proche de 8 minutes d’arc.
M75
M75 (NGC 6875) est un amas globulaire distant de près de 67 500 années lumière, contenant près de 100 000 étoiles. pour un diamètre de 130 années lumière (apparent 6 minutes d’arc), ce qui fait ce cet amas l’un des plus denses connus.
En bref,
Vous l’avez compris, cette constellation à elle seule peut vous occuper un moment tant elle regorge d’objets – la difficulté réside dans le fait qu’elle se situe très bas au dessus de l’horizon Sud. Il est donc primordial d’avoir un ciel stable et très dégagé, exempt de pollution lumineuse, mais aussi d’observer depuis une latitude la plus au sud possible en métropole (typiquement certains objets étaient quasiment inaccessibles à Charles Messier lui même depuis son observatoire de Paris).